Cette guerre et nous
Sur le lieu d’une exposition, qui met en lumière des pages oubliées de la guerre de libération algérienne, des visiteurs d’âges divers prennent la parole. La diversité de leurs récits compose une vue d’ensemble : appelés, descendants de l’immigration algérienne, rapatriés, harkis ou désignés comme tels, reflétant l’état des mémoires et des représentations de cette guerre, en 2012, dans une grande ville de France.
Fiche technique
Un film de Béatrice Dubell
Durée 1h 41 min
Visa d’exploitation n° 140.150
Format de diffusion DCP
Image Franck Wolff
Son Romain Goujon et Gaspard Charreton
Montage Christian Cuilleron
Mixage Joël Prévost
Musique Vibrations raisonnées de Laurent Grappe
Conseils scientifiques : Arthur Grosjean, Gilbert Meynier, Sylvie Thénault, Marianne Thivend
Production Grand ensemble- Atelier de cinéma populaire et L’image d’après, avec le soutien de la Ville de Lyon et de la Région Rhône Alpes (Contrat Urbain de Cohésion Sociale), de la DRAC Rhône-Alpes et de la Région Rhône-Alpes (appel à projets Mémoires du XX°siècle) et de la PROCIREP-ANGOA.
Le film a été tourné sur le lieu de l’exposition « Récits d’engagement 1954 -1962- des avocats auprès d’Algériens en guerre” créée à Lyon du 9 mai au 21 juillet 2012 aux Archives municipales de Lyon, sous la direction artistique de Béatrice Dubell, avec une composition électroacoustique de Laurent Grappe. L’exposition a été co-produite par Grand Ensemble et les Archives municipales de LYON.
« Le film est une belle leçon pour ceux qui pensent qu’on ne peut pas – voire qu’il ne faut pas – parler de ce passé ».
Lire le Commentaire de Sylvie Thénault, historienne, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la guerre d’indépendance algérienne.
« Un film superbement insolite sur la « guerre d’Algérie ».
Lire l’article de Gilbert Meynier, historien, spécialiste de la guerre d’Algérie.
« L’exposition a un double effet : à la fois rappel de souvenirs et légitimation de la parole sur l’événement. L’événement devient dicible. La caméra transforme les paroles en témoignages, elle confère le statut de témoins aux visiteurs (y compris aux descendants) »
Lire le commentaire de Marina Chauliac, anthropologue, membre associé au Centre Edgar Morin/IIAC-Paris, conseillère pour l’ethnologie à la DRAC Rhône-Alpes.
CE FILM EST LE FRUIT D’UN FRUIT UN TRAVAIL AU LONG COURS
Depuis 2006, Béatrice Dubell, accompagnée par un groupe d’historiens, questionne les mémoires lyonnaises de la guerre d’Algérie. A travers un travail de médiation et de terrain mené avec l’association Grand ensemble, elle explore des aspects méconnus du conflit et met en lumière des acteurs de l’histoire restés jusque là anonymes.
UNE VILLE EN GUERRE, RÉPRESSION ET SOLIDARITES
Entre 1955 et 1962, Lyon est le théâtre d’une guerre clandestine menée par les organisations nationalistes algériennes FLN et MNA. C’est aussi un lieu central de la répression judiciaire. Le tribunal militaire de Lyon, juridiction d’exception, siège à Montluc, lieu symbole de la résistance française au nazisme. 112 condamnations à mort de militants indépendantistes sont prononcées. Onze Algériens sont guillotinés alors que 22, au total, sont exécutés en France pendant la guerre. Face aux atteintes des droits de l’homme que reflètent le recours à ces tribunaux d’exception, des avocats lyonnais s’engagent dans la défense des militants algériens. Cinquante ans plus tard, ces parcours d’engagement sont oubliés.
L’exposition Des avocats lyonnais auprès d’Algériens en guerre réalisée en mai 2012 aux Archives Municipales de Lyon, dévoile la violence de la guerre clandestine et de sa répression, et pose les questions les plus universelles, en termes de droits, liées à cette guerre. C’est en ce lieu que Béatrice Dubell a choisi de filmer les réactions des visiteurs.
SAISIR LE PRÉSENT DE CE PASSÉ
Dans quelle mesure cette guerre touche-t-elle encore les Français ? Comment ce passé affecte-t-il aujourd’hui encore les relations entre les habitants d’une même cité, d’un même pays ? Le cinéma documentaire est à mon sens l’outil le plus apte à saisir et à traduire le présent de ce passé précise Béatrice Dubell.
C’est un film centré sur la parole des visiteurs, filmés en longs plans-séquences. Il donne à entendre la plus grande diversité de récits traduisant des points de vue parfois très éloignés. Le film éclaire aussi les processus de transmission des mémoires de cette guerre, en alternant entre récits de témoins, et de descendants des générations suivantes. Il montre ainsi toute la complexité de ces héritages imbriqués.
Les récits poignants, chargés d’une émotion qui semble aujourd’hui, encore, inentamée, révèlent la force des traumatismes humain, social, moral engendrés par ce conflit. Cependant, nombre de personnes sont engagées dans un travail intérieur qui leur permet de prendre du recul et dépasser une souffrance psychique qui est le lot de tous…Quels que soient les parcours et les histoires familiales, on découvre parmi ces témoignages des blocages mais également un travail d’élaboration qui permet le dépassement des traumatismes.
S’expriment ainsi dans cet espace ouvert par le film, aussi bien une volonté de comprendre, qu’un désir de témoigner allant au delà du règlement de compte ou du plaidoyer pro domo. Les énergies constructives, la volonté d’apaisement, sont bien présentes dans la société française, même si elles ont peu l’occasion de s’exprimer.
En réunissant dans un même film cette diversité de points de vue, l’ambition est de dépasser les clivages mémoriels : ouvrir à une reconnaissance mutuelle, c’est à dire aider chacun aussi bien à se sentir reconnu dans sa mémoire qu’à reconnaître le parcours de l’autre. Nous avons ainsi le sentiment d’accompagner ce mouvement de la société qui va vers l’apaisement, la réconciliation et la cohésion.
La diffusion du film est soutenue par un comité scientifique, composé d’historiens et de chercheurs en sciences humaines.
UTILISATION PÉDAGOGIQUE ET COMME OUTIL DE MÉDIATION
En plantant sa caméra au printemps 2012, aux Archives municipales de Lyon Béatrice Dubell poursuit un travail de collecte sur la guerre d’indépendance algérienne à Lyon et sa mémoire commencé il y a maintenant de nombreuses années.
Ce long métrage de près de deux heures rassemble une vingtaine de témoignages. Les contemporains du conflit, parfois acteurs, s’y expriment en évoquant leurs expériences personnelles : appelés et leurs familles, anciens du FLN, étudiants engagés, épouse de harkis… Mais des représentants(es) des plus jeunes générations parlent également. Il évoquent la transmission de la mémoire familiale ou au contraire les silences qui les ont laissé frustrés.
Le film montre ainsi la complexité, les complémentarités et les contradictions des mémoires de la guerre d’Algérie dans la société française d’aujourd’hui : sentiment d’occultation, condamnation des faits passés, sentiments revanchards, apaisement… Il montre aussi les évolutions mémorielles liées aux changements de génération.
Par sa richesse, ce film peut faire l’objet d’exploitation avec des jeunes dans les classes de lycée. Son montage est simple. Les témoignages se succèdent. Chacun peut donc être regardé et écouté isolément des autres. «Cette guerre et nous» peut donc être exploité dans son intégralité, ou au contraire séquence par séquence. Ce film peut donc intéresser en premier lieu les professeurs d’histoire-géographie de terminale ayant choisi de traiter la mémoire de la guerre d’Algérie en un temps limité. Il permet en particulier de saisir d’une façon très vivante les liens et les différences entre mémoire et histoire et les attentes sociales liées à la diffusion de connaissances historiques. Plus largement, le film peut servir de support à des séquences de Littérature et Société en seconde, ou d’approfondissement en première.
Plusieurs actions de médiation sont possibles autour du film :
- projections-débats avec la réalisatrice et/ou des chercheurs en sciences humaines,
- projections scolaires :
Fiche pratique
Dossier pédagogique en ligne - rencontres filmées entre des témoins et des jeunes, dans le cadre du dispositif Mémoires vives,
- toute autre forme de rencontres proposée par des lieux partenaires.
Ainsi, selon les lieux, ces actions de médiation pourront associer :
• un cinéma Art et essai, avec projection-débat, programmation, projections scolaires
• un ou plusieurs établissements scolaires et/ou socioculturels avec les ateliers mémoires vives
• un établissement culturel ou socioculturel : projection du film réalisé avec les jeunes, rencontre avec un témoin et/ou un historien.
Ces actions de médiation seront menées aussi bien en milieu urbain que rural. Elles pourront s’adapter au contexte local en prenant en compte des demandes émanant du terrain. Par exemple, certaines actions pourront être construites en partenariat avec des associations locales actives dans ce champ.
Un comité scientifique s’est rassemblé autour de cette médiation et du projet de plate-forme. Il est coordonné et animé par Marianne Thivend et Arthur Grosjean, historiens et membres du conseil d’administration de Grand Ensemble.
Télécharger le dossier de presse
PRESSE
Lyon capitale, le 25/08/ 2015 Des paroles pour se réapproprier la mémoire
Le Progrès, le 12/11/ 2015 Béatrice Dubell : les Français doivent partager leur vécu
La provence, le 1/12/2015 , Cette guerre et nous, un film qui brise le silence
La voix de l’Ain, Débat intense autour du film Cette guerre et nous
Le Progrès, le 29/ 02 /2016, Cette guerre et nous au Zola
Lycée Fays, le 18/12/2015, Cette guerre et nous au centre culturel Le Toboggan